Geste Paris (75001), novembre/décembre 2018

Mes photos dans l’exposition “Binaire / Non binaire”
Geste Paris
10, rue Croix des Petits Champs, 75001
Du 5 novembre au 1er décembre (uniquement sur rdv)
Commissariat d’Alisa Phommahaxay, Shiva Lynn Burgos, et Georg Bach.
“En prenant en photo les...

Exposition “Binaire / Non binaire”
Geste Paris
10, rue Croix des Petits Champs, 75001
Du 5 novembre au 1er décembre (uniquement sur rdv)
Commissariat d’Alisa Phommahaxay, Shiva Lynn Burgos, et Georg Bach.

Noir ou blanc, on ou off, masculin ou féminin, numérique ou analogique, zéro ou un. Un point de vue binaire divise le monde proprement, comme deux alternatives existantes dans l’opposition. Le point de vue non binaire ouvre le monde à une multiplicité de catégories, rejetant la simplification et la nature contrastée de la position binaire, tout en incluant à la fois l’unique et l’infini.
Comment les artistes illustrent-ils ces concepts et comment coexistent-ils aujourd’hui?

Le monde n’est pas noir et blanc, innombrables sont les niveaux de gris et de couleurs et même d’ultra et d’infrarouges au-delà de la perception optique humaine. Où se situe le spectre en termes de code scientifiquement définissable, de géométrie numérique, d’astrométrie, de conscience, de sexualité, de spiritualité, d’intelligence artificielle et de singularité technologique?

ESTE Paris s’engage dans des processus expérimentaux et invite des œuvres d’art photographiques en dehors des limites normales de la photographie.
Parmi les artistes figureront Constantin Brancusi, Frederick Sommer, Pierre Molinier, Hiroshi Sugimoto, Ned & Shiva Productions, Francis Ruyter, Olaf Nicolai, Tom Butler, Ghost of a Dream, Zean Cabangis, Elger Esser, CJ Heyliger, Susan Morris, Nicolas Schöffer, Holly Falconer, Hannibal Volkoff, Samara Habib, Quentin Houdas.

“En prenant en photo les violentes confrontations entre CRS et le Black Bloc, pendant des manifestations dirigées contre le gouvernement, je me suis rendu compte que nous nous trouvions dans l’une des très rares situations (peut être la seule ?) de l’espace publique où les apparats de genre sont complètement effacés. Les policières ont les mêmes uniformes que les policiers, les mêmes matraques, les mêmes flashballs ; tandis que face à eux, les totos (« autonomes autogérés ») confondent aussi leur genre en de similaires habits noirs qui leur camouflent corps et visages.

La signification de ce gommage n’est pas la même pour chaque camp : le genre doit s’effacer au profit de l’autorité symbolique pour l’un, et doit s’effacer au profit de la lutte révolutionnaire pour l’autre. La société qui a construit la binarité homme/femme sur des schémas inégalitaires, peut se permettre de lever cette inégalité lorsqu’il s’agit d’une Idée supérieure : il est possible de s’en passer quand il faut assurer le maintien de l’ordre judiciaire (il en va de même pour les robes que portent indistinctement les juges), ou de la révolution (pensons d’ailleurs à l’uniformisation de genre des uniformes de la Chine communiste, par exemple).

Nous noterons en tout cas que le contexte social d’un refus de la différenciation homme/femme se situe dans une logique d’affrontement, ce qui peut sembler contradictoire quand on pense que c’est cette binarité en elle-même qui est, socialement, un affrontement.

Cette série d’images du Black Bloc se situe dans la continuité de mes séries photographiques autour de certaines sous-cultures de la jeunesse parisienne, et de la manière dont elles utilisent leur corps comme outil de remise en cause des normes et de résistance. La scène « Queer » occupe une très grande partie de ce travail, et avec elle la réflexion sur le genre qu’elle a su instituer. J’ai tenu à mêler ces séries photographiques pour insister sur le fait que la contestation des dictas de genre s’est toujours opérée comme une lutte –et notamment contre le capitalisme, les dominations sociétales (de sexe, de sexualité, de race, etc…) découlant des dominations économiques. Les images d’affrontements permettent ainsi de donner une autre lecture de ce à quoi se confronte toute personne décidant de subvertir les normes de genre. C’est pourquoi j’ai choisi deux photographies supplémentaires qui abordent cette subversion, l’une de Zoé présentant son godemichet comme une arme, l’autre de Quel dans une tenue de catcheur très « girly », sorte de Bonnie and Clyde queer et illustration comique des théories de Judith Butler sur le genre comme parodie. “